DSK : la stratégie judiciaire de l’absence de preuves
Publié le :
19/05/2011
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2011
DSK : la stratégie judiciaire de l’absence de preuves
Publié le 19 mai 2011 par Anne Marion de CAYEUX
L’affaire DSK ne nous a pas seulement causé un choc, elle nous obsède. Elle touche notre horreur de l’incertitude et de l’insécurité.
Dominique STRAUSS-KAHN avait le vent en poupe. Aussi sûr que Lionel JOSPIN serait présent au deuxième tour des élections présidentielles en 2002, nous étions également certains que DSK affronterait un candidat de droite au second tour en 2012.
Sortie de route.
Alors, passée l’évocation hasardeuse d’un alibi béton, il semble bien qu’il faille admettre que Dominique STRAUSS-KAHN a eu un échange très rapproché avec la femme de chambre de l’hôtel SOFITEL de NEW YORK.
Il ne pouvait pas choisir pire endroit pour vivre cette aventure. Il va devoir être jugé par « le peuple américain » et des juges élus.
L’antipathie des américains pour notre pays et notre Président Sarkozy sont la trame de fond.
Nous avons aussi eu le bon goût de remettre pas moins de quatre Césars à Roman Polanski il y a quatre mois, pour son film « The Ghost Writer », après avoir protégé autant que possible et pendant des années le réalisateur de poursuite américaines liées à une accusation de viol sur mineure.
Bras d’honneur médiatique de l’élite bien-pensante française que les USA nous renvoient au centuple.
Et ça marche, si j’en juge par la sidération dans laquelle cette affaire nous met.
Notre besoin de connaître la vérité est intense.
Pour apaiser ce doute et arriver à des certitudes, chacun y va de sa théorie.
Le psychanalyste interrogé ce matin sur France Inter au sujet de DSK, Serge HEFEZ, évoquait des pulsions « telluriques » « que nous avons tous » (sic) et « une ambivalence » qui l’auraient conduit à un acte manqué destiné à anéantir son ascension !
Heureusement, les avocats de M. STRAUSS-KAHN vont faire leur boulot.
Benjamin BRAFMAN annonçait il y a trois jours un début de stratégie judiciaire : s’il n’y a pas de preuve matérielle d’un rapport sous la contrainte, et que la décision doit reposer sur la parole de l’un contre la parole de l’autre, alors il ne pourra pas y avoir de condamnation.
DSK serait donc le cas échéant libéré à la faveur d’une insuffisance de preuves. Heureusement que les droits de l’homme existent et sont constitutionnellement garantis.
Mais au-delà du droit. Tant de questions resteraient sans réponses.
Le consentement d’une femme de chambre à avoir une aventure avec un client de son employeur, comme ça, improvisé, au risque de perdre son job ?
La responsabilité collective de « tous ceux qui savaient » et qui l’ont protégé et propulsé aux plus hautes fonctions, en ce compris le chantre de la lutte contre les délinquants sexuels ?
La conception que notre Don Juan national a du consentement féminin, a fortiori d’une femme de condition sociale très inférieure à la sienne, lui le défenseur des faibles ?
La nécessaire qualification d’une « fragilité » en pathologie ?
La stratégie judiciaire de l’absence de preuves matérielles. Pas de quoi assouvir notre besoin « tellurique » de certitude et de sécurité.
Historique
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