« Il faut savoir que c’est un pervers narcissique »
Publié le :
23/04/2013
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04
2013
Pervers narcissique. Je l’ai entendu encore 3 fois la semaine dernière.
Le mot est lâché. Souvent par des femmes, en rendez-vous, lorsqu’elles veulent expliquer clairement et en résumé leur calvaire.
« Il faut savoir que c’est un pervers narcissique« . Elles pensent qu’avec cette phrase elles ont tout dit.
« Et…? », dois-je répondre. Car cette qualification n’a rien de juridique. Les faits, rien que les faits. « Donnez-moi des dates, expliquez-moi les actes…« .
Cruelle demande de ma part tant les victimes de « pervers narcissiques » sont sous une telle influence qu’elles ont les plus grandes difficultés à identifier les agressions quotidiennes dont elles sont l’objet. Elles ont dû beaucoup lutter contre elles-mêmes pour comprendre, découvrir, parfois d’un seul coup, en lisant un article, un livre ou en discutant avec une amie, que leur vie quotidienne avec un conjoint destructeur n’était tout simplement pas vivable.
Au fait, c’est quoi, pervers narcissique ? J’ai cherché comme vous l’avez peut-être déjà fait : via Google, direction Wikipedia et sa définition.
Deux extraits qui ont retenu mon attention :
« La stratégie perverse cherche à déstabiliser l’autre, par une séduction flatteuse ou un acharnement souvent sournois et subtil, puis par une disqualification insidieuse et récurrente. L’objectif est d’obtenir un moyen de contrôle sur l’affection, l’attention et la disponibilité de l’autre ; sans reconnaître sa propre vulnérabilité. »
« La perversion morale est encore trop souvent confondue avec le trouble de la personnalité narcissique. Les troubles du narcissisme se caractérisent par une très grande souffrance intérieure. Ils apparaissent souvent à la suite de traumatismes. Les individus qui en souffrent sont souvent des personnes très sensibles. A contrario, les personnalités perverses sont dénuées de tout sentiment et choisissent de renier leur sensibilité et leur humanité pour pouvoir dominer l’autre, voire l’écraser. La perversion repose avant tout sur la destruction de l’autre, qui procure une jouissance au prédateur, sans scrupule et sans limite dans la mise en œuvre de la cruauté (sadisme). »
Bien, bien. Mais qu’est-ce que ça change, pour moi ?
D’un point de vue judiciaire, peu de choses. Les Juges y prêteront hélas assez peu attention, même si le caractère « pervers narcissique » du méchant loup aura été reconnu au cours du procès par un expert psychiatre.
Si vous avez des enfants, le Juge aux Affaires Familiales recherchera l’intérêt de l’enfant et se méfiera d’un(e) époux(se) trop critique à l’égard de son conjoint. Un enfant doit pouvoir, selon la loi, entretenir une relation proche avec son parent, fût-il « pervers narcissique ». Inimaginable, hein ?
Le Juge sera bien entendu sensible à la souffrance d’un enfant manipulé et pourra prendre des mesures visant à réduire le droit de visite du parent manipulateur… Souvent temporairement. L’intérêt de l’enfant, vous ai-je dit.
Si vous n’avez pas d’enfant, vous pourrez le cas échéant lire et relire le jugement prononçant le divorce aux torts exclusifs de votre pervers… Et voilà. Des dommages et intérêts pour votre souffrance morale ? Autant jouer au loto, vous avez plus de chances de gagner.
Le véritable enjeu est personnel et individuel.
La victime du pervers narcissique accorde un grand pouvoir à son bourreau. C’est à elle de s’en libérer, car aucun juge n’aura le pouvoir de changer un manipulateur et de l’empêcher de faire souffrir son entourage.
C’est un cheminement long, qui nécessite d’être accompagné, soutenu, écouté, et conseillé. Sans se décourager malgré les combats judiciaires acérés, séances de médiations douloureuses, expertises « médico-psychologique »et autres réjouissances qu’annoncent les procédures mettant en cause un pervers narcissique et sa (ses) victime(s).
C’est au fil de ces épreuves que celle-ci apprendra progressivement à se tenir debout et à dire « ça suffit« . La ré-assurance du parent fragile aidera les enfants à y voir clair et à se construire. Plus qu’un jugement. Difficile à entendre au premier rendez-vous. Impossible à dire, même. J’aurais dû garder le secret.
Mais j’ai envie de vous en assurer : la libération est au bout du chemin. J’ai des preuves.
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